Lancé il y a moins de 5 ans, Tremplin Numérique – qui a déjà permis de donner accès à une formation numérique à plus de 200 stagiaires éloigné·es de l’emploi – fait partie d’un maillage territorial en faveur de l’insertion, composés d’acteurs locaux partenaires et complémentaires. Quel regard portent ces acteurs sur la formation Tremplin Numérique ? Christine T., conseillère d’insertion à la Mission locale Centre Ouest Bretagne, partage le sien.

Quel est le rôle de la “mission locale” ?

Les missions locales ont été créées dans les années 80 afin d’accompagner des jeunes de 16 à 25 ans, sur la base du concept de l’accompagnement global. En effet, on s’était rendu compte que certains jeunes ne parvenaient pas à se maintenir dans l’emploi pour des raisons qui n’étaient pas directement liées au travail, comme des problèmes de mobilité par exemple. Donc nous sommes là pour évaluer la situation du jeune dans sa globalité : on l’accueille, on l’accompagne et on l’aide dans son projet d’insertion sociale et professionnelle. L’accompagnement peut être ponctuel (besoin d’une information, d’un éclairage) ou dans la durée, avec un faisceau de problématiques à résoudre. Dans ce cas, nous nous appuyons soit sur les connaissances et spécificités en interne, soit sur des partenaires relais, notamment pour les sujets liés à la santé physique ou mentale, aux addictions… S’agissant d’orientation professionnelle, nous aiguillons les personnes vers des formations de différents types, et Tremplin Numérique en fait partie.

Quel est selon vous l’apport, l’utilité de Tremplin Numérique en matière d’insertion professionnelle ?

Les portes d’entrée des offres de formation de remobilisation étaient peu diversifiées sur le territoire. Il s’agit de formations en amont, qui permettent un redémarrage de construction d’un projet professionnel, lorsque les personnes ne savent pas où elles veulent aller, de quoi elles ont envie. Tremplin Numérique, avec son format long, répond précisément aux besoins de ces personnes. Son entrée par le numérique est vraiment intéressante. Certains jeunes déscolarisés restent isolés chez eux, mais passent du temps devant les écrans et ont un intérêt pour le numérique, dont ils n’ont pas nécessairement conscience. Et c’est aussi une formation très concrète. Cet aspect est important car certains jeunes, pour des raisons diverses, ont de réelles difficultés avec un format classique qui impose de rester assis sur une chaise devant une table. Pour nous, c’est vraiment très précieux d’avoir plusieurs angles d’entrée à proposer, pour permettre au public que l’on rencontre de se réinscrire dans une dynamique de projet professionnel. Avec Les Petits Débrouillards, il y a une philosophie du collectif. Nous travaillons en partenariat étroit avec Odile, la formatrice Tremplin Numérique, en particulier pour les entretiens de recrutement à la formation mais aussi pour le suivi du parcours des jeunes en formation. Par ailleurs, il faut souligner aussi que Tremplin se déroule dans des conditions matérielles (machines/outils numériques, confort) de grande qualité.

Ce programme présente-t-il des particularités ?

J’étais cet après-midi en relation avec un jeune, qui a suivi la formation en 2021/2022. Il était alors en souffrance mentale et était venu avec sa maman à la mission locale. Il n’était pas inséré, passait tout son temps dans sa chambre. Ma collègue lui a proposé le programme Tremplin Numérique. Il a réussi à suivre toute la formation, jusqu’au bout. Ces 8 mois de formation lui ont permis de s’extraire de la maison familiale et petit à petit d’exprimer des choses. Grâce à cette ouverture, ma collègue a pu impulser plusieurs démarches en vue de l’insertion de ce jeune, qui vit désormais en dehors du foyer parental, à Morlaix, dans une structure dans laquelle il n’aurait peut-être pas accepté d’aller avant la formation. Et là, on organise une sortie à Paris pour la Japan Expo, il s’y est inscrit et à peine le téléphone raccroché, il s’était déjà relié aux autres participant.es par le groupe discord. Permettre à des jeunes d’être reliés, en lien avec des choses qu’ils aiment, et d’avoir toujours de l’ancrage, c’est extraordinaire. C’est un parcours qui se construit depuis un an et demi. Cela montre que l’insertion peut demander énormément de temps. A côté du temps long, l’autre particularité de l’accompagnement qui est proposé aux Petits Débrouillards – c’est ce que je constate – réside dans le collectif qui est très fort. Il y a une mobilisation des équipes de formateur.rices, et une convivialité et un vivre-ensemble qui sont travaillés en continu. Les jeunes sont du matin au soir dans une dynamique collective.

Qu’est-ce qui vous interpelle dans la démarche des Petits Débrouillards ?

L’adaptation en permanence ! Je crois que tout est possible avec Les Petits Débrouillards (rires), avec un rien, on essaie de faire. Il y a de la spontanéité, quelque chose de simple. Le mot simplicité, dans la relation, est vraiment important. Et la personne est toujours au centre.

 

                  

 

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