Les mardi 4 et mercredi 5 octobre est organisé un marathon créatif dans les locaux des Fabriques du Ponant à Kerédern. L’objectif : inventer des modalités de médiation scientifique qui seront réellement mises en œuvre dans un lieu réel pendant une période d’un ou deux mois début 2023. Antony Le Goïc-Auffret, chargé d’innovation et développement au sein des Petits débrouillards Grand Ouest, répond à notre curiosité autour de ce nouveau projet.

Comment cette idée a-t-elle germé ?

Elle est issue d’une discussion avec Solène, responsable du secteur virgule littorale aux Petits débrouillards Grand Ouest, qui partait du constat du manque d’un lieu de culture scientifique généraliste à Brest. Certaines structures ont disparu, comme Planète Science Bretagne qui était basée à Brest ou L’Association Bretonne pour la Recherche Et la Technologie (ABRET) qui organisait à Brest le mois de la science. Il y a aujourd’hui Océanopolis, mais qui est centré sur les questions maritimes, il y aussi des structures comme Bretagne Vivante qui propose des animations d’éducation à l’environnement ou encore le musée de la marine. Mais on n’y parle pas par exemple de ce satellite qu’on a envoyé percuter un astéroïde pour expérimenter la protection de la Terre contre les impacts de météores dangereux. Il n’y a de lieux pour discuter de ces sujets là, il n’y a pas de lieux de culture scientifique généralistes. On en a parlé à d’autres acteurs brestois et au fil de l’eau, on s’est dit, allons-y, créons ce lieu !

Et ensuite, comment le projet s’est-il structuré ?

On s’est inspiré du travail qu’a lancé Laura, la référente de l’antenne de Vannes, autour des micro-folies*. Je suis allé à Morlaix pour visiter leur micro-folie, la Virgule, c’était très inspirant. J’en ai parlé autour de moi, on a fait quelques réunions avec des acteurs avec lesquels les Petits débrouillards Grand Ouest sont déjà en lien (UBO Open Factory, le mastère épistémologie et histoire des sciences de l’UBO, l’ENIB, le Centre d’art contemporain Passerelle, des comédien.ne.s, des formateur.rice.s…), et on a collectivement lancé l’idée de faire un hackathon : deux jours où l’on va inventer de nouvelles formes de médiation généralistes sur plein de sujets portés par les participant.e.s.

Comment imaginez-vous ce lieu ?

L’idée est de créer un lieu de culture scientifique au sens large, on ne va pas se limiter aux sciences de la matière, physique,chimie, le lieu est ouvert aux recherches en histoire, sociologie, psychologie… Il s’agit aussi de créer des équipes croisées, qui permettent de porter des regards à partir de design, d’ergonomie… pour imaginer des formes de médiation innovantes.

On envisage de créer un lieu en méthode agile, c’est-à-dire qu’on ne souhaite pas créer une grosse institution, pas un musée qui nécessiterait des années et du béton. Il vaut mieux investir dans les neurones que dans le béton ! Peut-être en s’inspirant de ce qui est fait dans les métropoles, avec l’occupation temporaire de friches urbaines par exemple. A Paris, Les petits débrouillards s’étaient installés dans l’Hôpital Saint-Vincent de Paul pendant toute la période transitoire du lieu. Il y a plein d’espaces vacants dans les villes, pour un temps donné. On pourrait en identifier un et l’investir comme espace de médiation scientifique généraliste, ouvert à toutes et tous, au bénéfice d’une large part de la population du territoire. Il s’agirait de faire quelque chose de léger, une occupation temporaire, qui coûterait peu cher, et pour lequel il faudrait avant tout investir dans les neurones et donc dans les personnes et savoir-faire, avec des salarié.e.s qui animeraient le lieu, en lien avec les chercheurs du territoire.

La place de la recherche est-elle importante sur le territoire brestois ?

On estime, selon les chiffres de Brest Métropole, qu’il y a 3500 personnes qui font de la recherche scientifique à Brest. Le taux de scientifiques est énorme dans la population brestoise ; il y a le siège de l’IFREMER, l’université et les enseignant.e.s-chercheur.euse.s, le CHU, les écoles d’ingénieur.e.s… Tout cela est peu visible alors qu’il y a pourtant une énorme appétence des habitant.e.s pour les sciences. Lorsqu’Océanopolis organise la Nuit des chercheur.se.s, qui est un événement généraliste en termes de culture scientifique, c’est un succès populaire dingue. C’est pareil pour le Village de la science pendant la fête de la science, qui ne se dément pas. Il y a une demande sociale et un enjeu éducatif majeur autour de ces questions.

A quoi va servir le hackathon qui se déroule la semaine prochaine ?

Le hackathon va accueillir des personnes qui vont se mettre en équipe pour travailler un projet spécifique de leur choix. Lors de notre première réunion d’information, une personne a fait part de son intérêt pour une reconstitution en 3D des sites d’archéologie sous-marins des environs de Brest afin de proposer à la population une visite immersive avec des lunettes 3D. Nous, Les petits débrouillards, nous portons un projet qui consiste à utiliser l’imprimante 3D comme machine de téléportation spatio-temporelle : il s’agit de “téléporter” un squelette de dinosaure qui a vécu il y a 65 millions d’années (voyage dans le temps) sur le continent américain (voyage dans l’espace) pour le matérialiser à Brest.

Quand le projet pourrait-il se concrétiser ?

L’objectif est de faire une expérience au printemps 2023. Une expérience muséologique dans un lieu, un temps donné, où l’on expérimentera toutes les modalités de médiation scientifique qu’on a prototypées pendant le hackathon, voire d’autres qui pourraient se greffer. Le rêve, c’est d’avoir un lieu, accessible, proche des moyens de transport en commun pour que tout le monde puisse s’y rendre facilement, plutôt vaste (environ 1000m2) pour y installer plusieurs dispositifs de médiation, c’est-à-dire des ateliers, des expositions temporaires, un espace pour les impressions 3D… ouverts aux classes. Et un jour, on pourrait même inventer un tiers-lieu de culture scientifique…

Un message à partager ?

Venez nombreuse.s ! Les inscriptions au hackathon sont ouvertes !

 

Pour plus d’info sur le projet : contactez Antony, aauffret@lespetitsdebrouillards.org
Inscription au hackathon des 4 et 5 octobre : cliquez ici

* le dispositif Micro-Folie consiste à intégrer un Musée Numérique au cœur d’un équipement déjà existant. D’autres modules complémentaires – tels qu’un FabLab, des postes de réalité virtuelle, ou encore un espace scénique –  peuvent compléter l’offre de la Micro-Folie. Implantées au plus proches des habitants, ces plateformes culturelles de proximité sont un véritable outil au service de l’Education Artistique et Culturelle.