À l’occasion de l’assemblée générale du 6 juillet 2019 à Rennes, David Bellanger et Grégory Célo, co-présidents, dressent le bilan de l’année 2018.

Celles et ceux qui font vivre aujourd’hui l’éducation populaire se confrontent à des difficultés très concrètes, parfois de survie immédiate. La question du financement public est évidemment centrale et conditionne l’émergence d’une pensée indépendante du pouvoir politique. La baisse des dotations aux collectivités, premiers financeurs des associations, entretient inexorablement cette précarité et installe celles-ci dans des contradictions douloureuses. Chaque lieu d’éducation populaire mis en péril laisse le champ libre au chacun pour soi et au repli. La période que nous vivons démontre pourtant à tous les égards qu’il faudrait maintenir et ouvrir de tels espaces. Le besoin est immense de se former et de s’éduquer réciproquement justement au sens de l’éducation populaire, qui libère et émancipe.

Pouvoir d’être utile

Notre conception du progrès social repose sur l’émancipation individuelle et collective des individus. C’est pourquoi les questions éducatives et de culture scientifique sont centrales pour les petits débrouillards Grand Ouest, bien au-delà du strict système scolaire : tout au long de la vie, les individus sont appelés à former leur conscience politique et à s’émanciper. C’est précisément cela, l’objectif de l’éducation populaire, dont les pratiques sont inscrites dans l’ADN des petits débrouillards Grand Ouest. L’éducation populaire n’existe pas «  en soi  ». C’est un processus qui peut se retrouver dans des lieux très divers – et au contraire être absent de lieux qui, pourtant, s’en réclament. Cette démarche que nous prônons, telle que nous la concevons, est forcément politique : elle consiste à décrypter les rapports dans un système, à prendre conscience de la place que l’on occupe dans la société, à apprendre à se constituer collectivement en contre-pouvoir, à expérimenter sa capacité à agir.

Ce qui est visé, ce n’est pas seulement le développement ou l’épanouissement personnels : c’est bien l’émancipation individuelle et collective, et la transformation de la société.

Agir par la Reconnaissance

288 villes d’intervention en 2018

C’est bien par l’action, au quotidien, que nous agissons collectivement avec nos partenaires, la preuve de notre capacité à considérer les territoires – de vie, géographiques, culturels, etc. – comme autant d’espaces de projets, du local à l’international.

Pour faire de ces actions des réussites, des leviers, les petits débrouillards Grand Ouest entretiennent l’énergie, les ressources et les moyens de rendre intelligible le présent et d’y mettre de la raison.
Pour ce faire, les pratiques, la coopération sont, pour les petits débrouillards Grand Ouest, le cœur d’un processus vertueux de développement, qui se fonde non pas sur le seul discours, mais sur les multiples traductions en actes de leurs pensées. Il ne faut pas s’y tromper, quand pour certain.e.s le discours suffit, pour les petits débrouillards Grand Ouest, c’est AGIR qui fait politique !

Un AGIR par une mise en mouvement de chacun.e d’entre nous, équipes permanentes, animateurs/trices, les premiers mobilisateurs de notre action petits débrouillards sur le terrain pour promouvoir ” la culture scientifique ” qui s’inscrit dans une Reconnaissance du territoire et de ces acteurs.

Construire ensemble c’est mieux

Depuis plusieurs années, les petits débrouillards Grand Ouest inscrivent leur activité dans une relation partenariale plus forte et plus articulée à certaines politiques locales. Elaborées, construites et parfois portées avec d’autres, les actions des petits débrouillards Grand Ouest s’inscrivent chaque année davantage en réponse aux besoins des territoires, contribuent du développement local, mobilisent des partenariats créateurs de liens. Elles situent donc les interventions de notre association en contact étroit avec la réalité, avec la complexité et la richesse de tous les espaces d’éducation.

À quoi sert une culture scientifique

Trop souvent négligée, la culture scientifique doit faire partie intégrante de notre quotidien, de nos pratiques. À quoi sert-il de savoir que la Terre a été formée il y a 4,56 milliards d’années  ? De comprendre les mécanismes des gaz à effet de serre  ? De distinguer le virus de la bactérie  ? De connaître les étapes de la démarche scientifique ? Autrement dit, à quoi sert-il de posséder une culture scientifique ? À rien, répondront les tenants des solutions à courte vue. Ce savoir ne mettra certainement pas de beurre sur leurs épinards. Peut-être. Mais il permettra d’acheter des épinards biologiques ou non en toute connaissance de cause et de consommer du beurre sachant qu’il n’est pas aussi mauvais pour la santé qu’on le prétend. Voilà à quoi sert la culture scientifique. À mieux appréhender le monde dans lequel on vit, à aiguiser son esprit critique, à cultiver sa curiosité et son sens de l’émerveillement, à ne pas céder aux sirènes des pseudosciences, à reconnaître des sources fiables, à prendre des décisions plus éclairées, à devenir un.e citoyen.ne mieux outillé.e pour participer aux grands débats de société.

Au contraire, l’inculture scientifique crée un vide dangereux, rapidement comblé par des croyances de toutes sortes, depuis l’homéopathie jusqu’au créationnisme, en passant par l’anti-vaccination et le climato-scepticisme. Bien qu’elle soit une arme redoutable pour lutter contre l’obscurantisme – chose qu’on devrait marteler en cette ère post-factuelle –, la culture scientifique reste le parent pauvre de la culture générale. Est-ce parce qu’on la tient pour acquise ?

Au cœur des enjeux nous devons être

La Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI) est au cœur des enjeux démocratiques. Elle est le socle des débats publics constructifs permettant aux citoyen.ne.s de considérer collectivement et/ou individuellement les enjeux sociétaux d’aujourd’hui et de demain. Et dans Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI), il ne faut pas oublier le mot culture. Une culture qui témoigne du plaisir, de la curiosité et des joies qu’ont les publics à s’approprier les questions scientifiques par des supports tels que les films, le théâtre, les innovations numériques, les jeux vidéos ou encore les romans de science-fiction.
Une culture qui, par ses approches inspirées, permet des expressions nouvelles et complémentaires à la diffusion des sciences.

Une année d’implication

Forts sont les petits débrouillards Grand Ouest pour initier des actions participant à se re-construire, pour déterminer avec force, grâce à l’appui d’une équipe, d’acteurs militants, une réflexion de (re) mise en cohérence entre ses valeurs, une dynamique bénévole et son modèle économique.

Nous avons Ensemble, depuis 2017, avec un Conseil d’administration reconstruit, une nouvelle direction, une équipe permanente mobilisée et investie qui a entamé ce processus.

L’année 2018 à permis de déterminer l’architecture d’une gouvernance, d’un modèle économique plus serein mais encore fragile, mais il nous reste encore à conforter notre action, notre mouvement, avec les comités locaux pour nous permettre de faire partout de l’éducation populaire, partout de la culture scientifique !
C’est ce dont témoigne ce nouveau rapport d’activité.

David Bellanger et Grégory Celo co-présidents de l’association des petits débrouillards Grand Ouest

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