Alors qu’en février dernier, le GIEC mettait en lumière la raréfaction de la ressource en eau, la fragmentation et la diminution des habitats/écosystèmes et la nécessité d’optimiser la gestion de l’eau, Les petits débrouillards Grand Ouest lancent une toute nouvelle exposition, ayant pour thématique l’eau et ses enjeux. En tournée inaugurale depuis début juillet, cette exposition sillonne le Grand Ouest, avec près de 30 journées d’étape. Maud Milliet, référente de l’antenne des petits débrouillards de Roscoff, est l’une des concepteur.rice.s de l’exposition. Elle nous explique la genèse et l’ambition de cette exposition.

Pourquoi avoir choisi le nom « 20000 lieues aquatiques » ?

C’est un clin d’œil à Jules Verne (et son roman « 20000 lieues sous les mers ») qui permet, à travers un jeu de mots, de mettre l’accent sur les longues distances parcourues par l’eau en milieu terrestre, et les multiples lieux (avec un X) par lesquels elle transite . En effet, l’eau, ce n’est pas seulement la mer, elle est partout, tout près de nous, dans les rivières, sous nos pieds, dans les fossés, bref dans 20000 lieux sur terre !

Comment cette nouvelle exposition est-elle née ?

Justement, elle part du constat que les enjeux liés à l’eau, pourtant cruciaux, sont encore assez méconnus du grand public. Nous avions déjà travaillé en partenariat avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne sur deux précédentes expositions : « L’eau des loustics » qui porte sur le cycle domestique de l’eau, et « Le littoral des loustics » qui s’intéresse à la gestion intégrée des zones côtières. Pour mieux comprendre les interactions entre l’eau, l’environnement et les activités humaines, il était important d’ajouter ce volet essentiel sur les milieux aquatiques continentaux. Avec « 20000 lieues aquatiques », nous nous inscrivons ainsi dans une complémentarité et une continuité autour de l’eau et ses enjeux.

Quels sont ses objectifs ?

Il s’agit de permettre une meilleure compréhension du fonctionnement des milieux aquatiques continentaux, de montrer qu’ils sont très diversifiés et qu’il n’y a pas de cloisonnement entre eux. Nous souhaitons proposer une vision dynamique de ces écosystèmes et des bassins versants. L’exposition vise à attirer l’attention sur des enjeux précis, comme par exemple la qualité de l’eau, la biodiversité associée ou les aménagements des milieux aquatiques. Dès que les humains se sont mis à utiliser l’eau à grande échelle, ils ont réalisé des aménagements qui ont modifié les écosystèmes, ont eu un impact non seulement sur le paysage, mais aussi sur le débit, la biodiversité, la qualité de l’eau. Notre ambition est de proposer des clés de compréhension autour des grands enjeux et des problématiques qui sont associés à l’utilisation de l’eau et à la transformation des milieux aquatiques et de faire connaître les solutions actuellement employées pour restaurer les milieux.

Comment a-t-elle été construite ?

C’est un travail collectif avant tout ! Tout d’abord, cette exposition est le fruit d’un partenariat avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, avec qui les contours du projet ont été dessinés. Au sein des petits débrouillards, plusieurs personnes ont été missionnées pour travailler sur ce projet, qui comprend deux volets : une mallette pédagogique d’une part, et une exposition d’autre part. La mallette est un regroupement de fiches pédagogiques, de jeux, d’expériences. L’exposition s’appuie en grande partie sur les travaux de la malle, pour garantir une continuité entre ces deux outils, à la fois en termes de thématiques abordées, de discours, d’approches pédagogiques et de niveau d’accessibilité. Ce sont des outils assez différents qui n’ont pas le même type d’utilisation. La mallette existe physiquement mais est aussi en ligne sur notre site wikidebrouillards.org. Elle peut être déroulée dans des formats très différents, une expérience de 30 min, ou un jeu de plateau d’une heure et demie par exemple. Tandis que l’exposition a davantage vocation à être visitée de manière itinérante, on peut explorer jusqu’à sept modules, pour une durée d’1h30 environ. L’exposition, tout comme la mallette, est faite pour être animée et ouvrir le débat. Ces outils ont mobilisé des compétences plurielles au sein de l’association, notamment : impression 3D à l’antenne de Brest, fabrication des modules dans les antennes de Saint-Brieuc et Rennes, conception du contenu pédagogique par les équipes de Saint-Brieuc, Roscoff et Caen.

D’autres acteurs ont-ils participé ?

Oui, tout à fait. La conception de l’exposition s’appuie sur un Conseil scientifique. Il est composé de personnes d’horizons variés (enseignant.e.s – chercheur.euse.s dans les domaines de l’environnement, de l’eau, de la chimie, des technicien.ne.s ou des animateur.rice.s de bassins versants, des représentant.e.s de syndicats mixtes…), qui, en amont, nous ont aidés à définir les entrées thématiques des 7 modules et qui, en aval, ont validé les contenus. Dans le cadre de l’exposition, nous avons également travaillé avec un collectif d’agriculteur.rice.s du centre du Finistère qui collabore avec l’Université de Bretagne Occidentale dans le but d’étudier et mettre en place des pratiques de cultures permettant de préserver la ressource en eau. En termes de quantité bien évidemment, mais aussi et surtout en termes de qualité ; et ça ne se limite pas à la qualité physico-chimique de l’eau, il s’agit aussi de diversifier les cultures, de mieux respecter la biodiversité et de s’adapter au changement climatique. Nous nous sommes inspirés de leur démarche pour construire l’un des modules de l’exposition.

Où peut-on  la voir ?

L’exposition est partie en tournée inaugurale avec le Science Tour, notre dispositif d’animation itinérant. En ce moment, elle est à Saint-Brieuc. L’exposition circule dans le Grand Ouest, et nous l’animons en proposant aussi tout un panel d’expériences scientifiques qui permettent de mieux comprendre les notions abordées dans l’exposition. Il y a donc aussi beaucoup d’aspects pratiques et de manipulations, que les participants réalisent eux-mêmes. Grâce aux financements de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et aux collectivités qui accueillent le Science Tour, l’exposition est gratuite pour le public. Une trentaine de dates est programmée d’ici octobre.

L’exposition est en cours de lancement. Que peut-on lui souhaiter pour la suite ?

Je lui souhaite une longue durée vie, car les thématiques abordées vont rester d’actualité pendant très longtemps, et de plus en plus malheureusement. Nous sommes en effet confrontés aux conséquences du réchauffement climatique, qui sont déjà très marquées et qui rendent encore plus décisifs les enjeux soulevés dans l’exposition. Je lui souhaite de faciliter les interactions et le dialogue entre les élu.e.s, les gestionnaires, les associations, les conseils citoyens. Je lui souhaite de tourner dans beaucoup de communes, urbaines et rurales, pour qu’il y ait vraiment une vaste sensibilisation auprès de toutes les populations et que tout le monde se sente concerné par les problématiques liées à la gestion des milieux aquatiques. Dans notre paysage, ils sont partout présents et sont impactés positivement ou négativement par les activités humaines (négativement surtout, puisque la majorité des milieux aquatiques sont estimés en mauvais état dans le Grand Ouest). Il existe des mesures, dont certaines sont simples et peu coûteuses, qui permettent d’améliorer la situation à l’échelle locale. Restaurer les milieux aquatiques à plus grande échelle demande une stratégie et une politique adaptée, et une expertise importante. C’est une affaire de concertation, de dialogue et de complémentarité entre les acteurs de tous les secteurs. L’eau est partout autour de nous, elle est indispensable aux activités humaines. Les organismes et les métiers liés à l’eau et aux milieux aquatiques sont nombreux, mais pas toujours très connus. Chacune de ces personnes-ressources joue un rôle important dans la surveillance, l’étude, la gestion et la protection des milieux aquatiques. Nous aimerions que cette exposition suscite la curiosité et l’intérêt des publics, et notamment des jeunes, pour les inciter à rencontrer et échanger avec les acteurs de l’eau sur leur territoire. C’est aussi notre rôle en tant que médiateur.rice.s scientifiques de favoriser ce dialogue.

Les dates de la tournée :

Plus de détails sur les étapes :

11/07 au 13/07 à  Landes-Genusson (Cité des oiseaux)27/07 à Saint-Malo12/08 à Saint-Nazaire04/08 au Pouliguen05/08 à la Bernerie-en-Retz08/08 à Saint-Michel-Chef-Chef09/08 à Piriac-sur-Mer10/08 à Pornichet11/08 à Les-Moutiers-en-Retz12/08 à Saint-Nazaire- 25 et 26 août à Brest4/09 à Rennes10/09 à Ploërmel –  17/09 à Séné ( Fête du Parc Naturel Régional du Golfe)

Exposition réalisée en partenariat avec :