En novembre dernier, quinze jeunes se sont engagé·es dans le projet “Ambassadeur·rices de l’adaptation au changement climatique” proposé par Les Petits Débrouillards Grand Ouest, au sein des antennes de Lorient, Brest et Vannes. Ce programme d’ampleur en faveur de la transition écologique est coordonné par Maud Gâtel, de l’antenne de Lorient. À travers une interview réalisée par 2 jeunes volontaires vannetais, Maud revient sur les tenants et aboutissants de la 3e édition de ce projet.
Sacha : Tout d’abord, peux-tu te présenter rapidement ?
Maud : Je m’appelle Maud et je suis coordinatrice de projets dans l’association les Petits Débrouillards Grand Ouest à l’antenne de Lorient et je chapeaute le projet “Engage-toi” depuis trois ans. Mon rôle sur ce projet est d’assurer la coordination entre les Petits Débrouillards et les autres associations bretonnes du consortium. Je participe à l’organisation du temps de rassemblement avec les autres volontaires en service civique, aux temps de formations, à l’animation et au contexte par rapport aux enjeux. Par ailleurs, je me charge de l’accompagnement quotidien des volontaires qui sont sur l’antenne de Lorient.
Nicolas : En quelques mots, c’est quoi le projet “Engage-toi !” ?
Maud : il est aussi appelé “Ambassadeur·rices de l’adaptation au changement climatique”. C’est un accueil groupé de volontaires en service civique. Le thème principal porte sur les transitions écologiques, et plus spécifiquement sur l’adaptation au changement climatique. Il regroupe une quinzaine de volontaires dans trois de nos antennes : Lorient, Vannes et Brest. Depuis le début, nous faisons en sorte que cet accueil de volontaires soit réalisé en partenariat avec d’autres associations de Bretagne, qui accueillent aussi d’autres volontaires, afin de pouvoir organiser des temps de rassemblements de volontaires et des échanges entre les différentes structures, comme la Chambre Régionale d’Economie Sociale et Solidaire (CRESS), qui fédère les structures d’économie sociale et solidaire en Bretagne ou Concordia, qui favorise les échanges interculturels et intergénérationnels à travers différentes formes de volontariats notamment dans des recycleries et ressourceries. Nous œuvrons pour que différents types de structures d’éducation populaire puissent travailler ensemble sur des projets communs.
Nicolas : Si tu devais définir des objectifs de la mission “Engage-toi”, comment nous les expliquerais-tu ?
Maud : Cela dépend des échelles : celle des volontaires, du consortium, de l’association. Je dirais que pour les volontaires, c’est avant tout d’avoir une expérience d’animation assez longue dans une structure qui offre du contact avec le public et de se sensibiliser aux enjeux du climat, d’approfondir ce qui a été a appris à l’école. Chaque approche est propre à chacun et chacune. Pour certain·es, il s’agit vraiment de découverte. Jusqu’ici, nous avons accompagné le nombre de volontaires que nous nous étions fixés, et plusieurs d’entre eux ont poursuivi professionnellement ou repris leurs études sur le domaine des enjeux de la transition écologique. Concrètement, nous encadrons un certain nombre de jeunes responsabilisés, nous les sensibilisons au changement climatique et nous leur fournissons des outils leur permettant de sensibiliser d’autres personnes à ces enjeux-là. Il s’agit aussi de faire se rencontrer des personnes de points de vue différents, qui ne se verraient pas autrement, et de les faire débattre sur ces enjeux.
Sacha : Du point de vue d’un·e volontaire, comment se déroule un service civique en tant qu’ambassadeur au sein des Petits Débrouillards ?
Maud : La durée du service civique est de huit mois sur un format de 24 heures par semaine. Cela peut varier suivant les antennes. Concernant cette année, sur les 8 mois de service civique, une première phase de formations a été réalisée : la formation à l’animation et à l’animation scientifique, une formation aux machines du FabLab de Brest et une formation aux enjeux d’adaptation. Lors de cette première phase, il s’agit pour les volontaires d’être à l’aise avec la pédagogie de l’association et de pouvoir se rendre en animation. Ensuite, une phase d’accompagnement des animateur·rices permanent·es leur est proposée. La phase suivante concerne l’émergence de travaux plus personnels de formes différentes. Par exemple, lors d’une mission précédente, des jeunes ont réalisé des activités sur la fresque du climat, d’autres encore ont fait des podcasts audio, de l’animation ou des objets pédagogiques, de nouveaux outils. Par la suite, un autre temps de formation est prévu où les volontaires seront réunis pour un hackathon à Brest au mois de mars. L’idée, c’est qu’ils puissent aussi travailler sur des objets, des jeux et/ou des dispositifs pédagogiques qui permettront d’alimenter les contenus déjà existants. Par exemple pour la construction de nouvelles trames.
Sacha : À quoi serviront ces créations et trames ?
Maud : Elles pourront par exemple être mobilisées sur la tournée du Science Tour, dont l’objectif est d’avoir un dispositif itinérant permettant de sensibiliser, via des animations, sur l’espace public à l’adaptation au changement climatique, et ce, pour toute personne. Ce dernier se déroulera sur une quinzaine de jours environ dans le Morbihan et le Finistère avec différentes étapes. Le but est de se déplacer d’étape en étape chaque jour et de pouvoir toucher tout type de public. A titre d’exemple, le matin les animations peuvent être faites sur un marché d’une commune et l’après-midi, dans un centre de loisirs. Les volontaires seront en équipe de trois pour animer le camion lors des présentations mais accompagnés tout au long de leur création de projet. Deux équipes par jour seront prévues dans le camion pour effectuer des roulements d’animateur·rices. Ce projet du Sciences tour est une nouveauté cette année et réalisable grâce notamment à des financements européens.
Nicolas : Quels sont les outils utilisés pour aborder le changement climatique qui est perçu négativement ?
Maud : Nous fabriquons des outils d’animation, des débats ou des outils d’émergence collective du travail. Nous cherchons aussi à utiliser des objets du quotidien pour nos expériences. D’autres outils un peu plus techniques comme des maquettes ont été élaborés grâce au Fablab, c’est assez variable. Nous pouvons nous rendre compte du matériel utilisé sur le Wiki-débrouillard, où un certain nombre de contenu est rendu accessible. Nous essayons toujours de mettre en avant une solution dans l’animation pour éviter trop d’anxiété chez les participant·es. Cela ne veut pas dire qu’il faille ignorer le problème. Quand le problème est constaté, il s’agit d’étudier la réponse et de déterminer une ou plusieurs solutions en les illustrant par des expériences qui peuvent fonctionner (ce qui n’est pas toujours évident). Pour le sujet des inondations par exemple, on peut présenter certaines maquettes. Cette manière de présenter nous permet dans nos animations de discuter de ce qui se fait dans la réalité et de ce qui est décidé dans les collectivités, du “pourquoi” des installations. De nombreux aménagements sont mis en place en termes d’urbanisme. On peut voir aussi que d’anciennes installations ont finalement été détruites aujourd’hui pour ramener la nature en ville et réaménager les espaces urbains. Il s’agit d’un sujet fréquemment discuté en animation afin de prendre du recul et de constater qu’il est possible de se tromper lors de prises de décisions et d’identifier comment réparer ce qui a été mal fait.
Sacha : Au vu de ce qu’il s’est passé cet hiver avec les inondations, une prise de conscience émerge, et nous espérons un changement positif encore plus généralisé, d’où l’importance de sensibiliser un maximum de personnes.
Maud : Il est important de faire des animations sur cette thématique, c’est clairement maintenant qu’il faut faire pencher la balance. Il s’agit d’un vrai sujet sociétal, dont il faut s’emparer, notamment par la jeunesse. Par exemple, les personnes en collectivité ou des plus anciennes générations n’ont pas eu cette formation et sont donc moins réactives face aux problématiques. L’idée du volontariat c’est aussi de proposer des animations dans des structures/lieux où nous n’intervenons pas forcément habituellement. Cela nous permet de toucher un nouveau public.
Sacha : Quelles sont les perspectives d’évolution pour la mission de volontariat ?
Maud : on est encore en pleine réflexion et discussion sur le futur du projet et notamment sur les publics touchés par nos actions, en particulier les personnes dans les quartiers qui pourraient être touchées plus rapidement par les effets du changement climatique et d’agir pour s’en prémunir.
Cette interview a été menée par Nicolas Wartel et Sacha Le Ruyet, deux volontaires de l’antenne de Vannes du projet “Engage-toi”.
Avec le soutien :