Lors du café des sciences organisé par les Petits Débrouillards le 1er décembre 2017, nous avons eu le plaisir de recevoir Romain Trillard, Docteur de l’université Rennes 2 – Chercheur-associé au laboratoire Pôle de Recherches Francophonies Interculturel, Communication, Sociologuistique (PREFICS), et Damien Belvèze, Conservateur chargé de la formation à la bibliothèque de l’Université Rennes 1 et organisateur de cryptoparties en bibliothèque, deux spécialistes sur Internet et le numérique. Le tout était animé par Antony Auffret, Chargé du numérique aux petits débrouillards et, Enseignant – Université Rennes 2 – UFR Sciences Humaines – Sciences de l’éducation – CREAD – Usages Socio-éducatifs des TIC.
On était une vingtaine de personnes à débattre sur Internet.

Vous pourrez retrouver le contenu audio : sous ce lien

Voilà ce qu’il s’est dit :

On s’est demandé comment on pouvait sécuriser nos données personnelles ? Effectivement, de nombreux moteurs de recherches et certaines applications mémorisent nos infos et les scrutent à l’aide d’algorithmes ce qui leur permet d’orienter les pubs ou les résultats de nos recherches. Pour tenter d’y remédier, il existe des moteurs de recherches qui ne gardent pas en mémoire vos recherches, vos adresses IP etc. comme Qwant, DuckDuckGo et bien d’autres. On peut également apprendre à affiner nos recherches, à utiliser des « connecteurs booléens », comme « et », « ou » qui permettent de réduire les résultats et de les préciser.

On a également parlé de la géolocalisation.
Et oui, qui ne trouve pas ça pratique de dénicher un resto, un ciné, un magasin situé près de chez nous? C’est vrai que c’est pratique … Mais c’est quand même un peu inquiétant. Ca veut dire que partout où on est, on peut nous retrouver.
Nos experts nous ont répondu qu’il fallait s’organiser pour ne pas être tracés. Mais ça demande des petits efforts : mettre sa géolocalisation en mode off, ne pas accepter qu’une appli quelconque ai accès à notre localisation. Si on l’a déjà accepté et qu’on change d’avis, on n’hésite pas à aller faire un tour dans les réglages de son téléphone.

Mais pourquoi on veut nous localiser ?
Romain nous expliquait que, par exemple, Google est une agence publicitaire. Si on visite plusieurs fois un site pour un article, ils proposeront des publicités liées à cet article pour nous inciter à consommer. Le problème c’est que leur but n’est pas de nous accompagner mais de nous vendre quelque chose.

Ensuite on a évoqué l’open data.
Mais c’est quoi ça ? On le traduit par « données ouvertes » .
L’open data concerne plus les administrations. A chaque action que nous faisons, une donnée est stockée sur un serveur. Par la suite, l’accès et l’usage de cette donnée numérique sont laissés libres aux usagers. Par exemple, la Région Bretagne a décidé de passer certaines de ses données dans le domaine public, ouvertes à tous. Ainsi, on peut interroger les données en temps réel pour créer de nouveaux services, comme pour les transports en commun par exemple.
Selon Romain Trillard c’est aussi une philosophie car un des enjeux pour les acteurs publics ou les institutions culturelles, c’est de créer directement dans le domaine public en utilisant une licence libre comme Creative Commons.
Sur le principe, on peut tout mettre en open source. C’est plus facilement diffusable. Il faut marier le libre avec les plateformes payantes. C’est ce que font les musiciens car ils ont besoin de se faire connaître. Des personnes acceptent que leurs données soient vendues. D’autres ne veulent pas être bombardées par la pub. La réponse n’est pas simple. Ce sont des choix propres à la personne.

La question de la publicité officielle ou non est arrivée.
Chez les YouTubers notamment, le placement de produit c’est mettre en avant un produit de manière explicite : une marque de téléphone, de jeu, de produit alimentaire… L’entreprise paye le YouTuber pour parlé du produit explicitement. Une petite note est inscrite en bas de la vidéo ou de la description mais est-ce vraiment suffisant ? A l’inverse du placement de produit, l’influenceur n’est pas payé pour vendre le produit.

Une personne est intervenue pour nous partager une expérience :
« J’ai été victime du piratage de Yahoo. Malgré mes anti-virus, je reçois du fishing [[Le fishing ou hameçonnage en français est une technique qui consiste à obtenir des informations personnelles comme des mots de passe, le numéro de la carte de crédit, etc., en se faisant passer pour un tiers de confiance (administration, amis…)]] très bien fait. Comment ça se fait ? Comment arrivent-il à pirater des boites mail ? »

On lui a répondu que l’antivirus ne fait pas tout le travail. C’est pas bon de s’échanger les mots de passe par mail, ils peuvent être interceptés et utilisés à mauvais escient. Les bases de la protection individuelle, c’est un seul mot de passe qui ouvre un gestionnaire de mot de passe. Mais c’est quoi exactement un gestionnaire de mots de passe ? C’est un logiciel ou un site en ligne qui permet de regrouper tous ses mots de passe à un endroit qui est sécurisé par un unique mot de passe. Il n’y a plus qu’un mot de passe à retenir pour avoir accès à tous les autres. Car oui, il est conseillé d’avoir des mots de passe différents pour tous les sites que nous utilisons.

Et où sont-ils basés ces gestionnaires de mots de passe ?
Par exemple, il existe un serveur en Islande. La NSA n’y a pas accès. Mais faut-il éviter ce genre d’aide-mémoire dans le cloud ? C’est un compromis permanent à faire.

Une jeune fille nous a demandé de l’éclairer sur un point : « Le cloud, j’ai pas compris ce que c’était ? » Et bien ça veut dire « nuage » en anglais, car on a accès à des services en permanence. Quand on a pas assez de place pour stocké les infos sur son ordinateur, on utilise l’ordinateur d’un autre, connecté par internet pour stocker ses photos ou autre. Le cloud ? C’est tout simplement l’ordinateur de quelqu’un d’autre. On dit aussi Serveur ou DataCenter, c’est pareil.

Et pour finir,
Ce café des sciences sur une note positive nous avons fait un tour pour savoir ce que nous trouvions bien avec internet :

* On peut être critique
* Il y a de la création culturelle
* Il y a d’autres modèles. Sous des licences libres sans payer et sans visionner de la pub
* Creative Commons : aménagement du droit d’auteur
* Des millions de contenus à voir
* J’apprends beaucoup de personnes plus jeunes que moi
* Des vidéos d’humoristes, ça permet de rigoler
* Participation aux journaux de critique
* Ca permet d’apprendre des choses
* Moi j’aime bien les Mooc, des cours en ligne gratuits. Massive Open Online Courses. FUN par exemple.
Navigateur Toor : C’est un navigateur qui vous permet de surfer anonymement sur le Web. Celui qui garantit le plus l’anonymat sur le net. Par exemple les journalistes, pour sécuriser la connexion. Les usages de délit sont vraiment très minoritaires. Les journalistes sur le terrain aussi. Cela permet d’avoir accès aux publications scientifiques aussi.